Stevenson et la forêt ombreuse

  • Seul, enfoncé dans la forêt
  • Il marche, oubliant la souffrance
  • lumière crue de son enfance
  • évanouie avec ses secrets.
  • Un vent froid soulève le sable,
  • vieux vestige des temps anciens
  • où la mer bornait les confins
  • entre les grès nus et friables.
  • Il fuit la pluie drue et blafarde,
  • les fourmis grouillent sur les roches
  • et filent vers le rondin proche
  • dur comme le granit des phares.
  • Ses doigts serrent le tronc de l’arbre,
  • doigts impatients, ô doigts d’argile
  • avides et restés fragiles
  • sans voir s’incruster les échardes.
  • N’es-tu qu’un fantôme à ma porte,
  • qu’un feu follet flottant sans bruit,
  • que jeux de lune dans la nuit
  • ou reflet noir d’un astre mort ?
  • Partout soudain il l’aperçoit !
  • c’est toi Fanny qui vient de naître,
  • je crois toujours te reconnaître,
  • ce parfum, cette fleur… c’est toi !
  • Juste voir entre le feuillage
  • une petite mare fraîche,
  • pure et humble ainsi qu’une crèche.
  • Louis accourt du lointain rivage,
  • Le temps de déchiffrer le murmure secret,
  • lui laissant au passage
  • un souriant message
  • et de la voir s’enfuir au creux de la forêt.

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Thierry Quintrie Lamothe, © Paris, novembre 2023 

Stevenson et la forêt ombreuse (poesiarevelada.com)

Stevenson et la forêt ombreuse